Quel futur pour l’Immersive Learning ?

Selon un rapport de PwC, la Réalité Virtuelle (RV) et la Réalité Augmentée (RA) pourraient faire grimper le PIB mondial jusqu’à 1,5 trillion de dollars au cours des huit prochaines années1.

Les technologies d’immersion sont utilisées depuis de nombreuses années dans le domaine de l’éducation. Mais leurs coûts d’utilisation et leurs intérêts pédagogiques, limités à certains types d’apprentissages, restreignent à des situations d’apprentissages bien spécifiques. Les récents développements, et notamment celui du Metavers, viennent considérablement améliorer mais, surtout élargir les champs possibles d’utilisation de ces technologies, et pourraient permettre d’accroître largement les usages de l’Immersive Learning dans les futures formations.

Pour commencer de quoi parle-t-on ? 

L’Immersive Learning est une solution du Digital Learning qui permet de se former dans un environnement entièrement immersif grâce à un univers virtuel.

Les apprenants sont plongés dans leur formation grâce à l’association de technologies comme le Metavers, la Réalité Virtuelle, la Réalité Augmentée ou l’Intelligence Artificielle.

En moyenne, un apprenant retient :
20 % de ce qu’il entend,
30 % de ce qu’il voit
90 % de ce qu’il fait !

C’est une solution du Digital Learning qui permet d’appliquer l’apprentissage expérientiel : une approche pédagogique basée sur ce que l’on vit grâce à :

  • Un environnement réaliste
  • Une expérience de formation unique
  • Une authenticité des univers créés
  • Une pédagogie active.

L’Immersive Learning utilise les dernières technologies comme la Réalité Virtuelle, la Réalité Augmentée, l’intelligence artificielle (IA) et peut être bientôt le Metavers (voir le glossaire en bas de page).

Quels usages pour l’Immersive Learning ?

L’Immersive Learning peut désigner un grand nombre d’outils ou pratiques. Casques, lunettes ou simple écran ; Réalité Augmentée, Réalité Virtuelle ou virtualité augmentée ; environnement mimant la réalité ou au contraire simulant des conditions impossibles… On peut considérer l’Immersive Learning comme tout dispositif qui extrait l’apprenant de son environnement physique pour le placer dans un nouvel environnement, en partie ou totalement, construit et contrôlé pour favoriser un apprentissage.

Si les outils et modalités peuvent être nombreux, ce sont principalement des environnements de réalités virtuelles mimant au plus près des situations réelles et dans lequel l’apprenant est immergé par un casque VR qui sont utilisés depuis de nombreuses années en formation. Le bénéfice utilisateur de la Réalité Virtuelle réside dans l’apprentissage cognitif grâce au sentiment de présence de l’apprenant durant son module de formation.

Au-delà de permettre à l’apprenant de se confronter à un environnement, une situation, qu’il serait difficile de reproduire réellement, la Réalité Virtuelle a largement prouvé son intérêt dans l’apprentissage en permettant notamment de :

  • Améliorer la concentration pendant l’apprentissage.
  • Augmenter l’aspect émotionnel de l’apprentissage.
  • Renforcer le sentiment d’auto-efficacité de l’apprenant.

L’immersion étant dans un environnement immersif et à la fois réaliste cela permet à l’apprenant d’apprendre en pratiquant, ce qui est beaucoup plus impactant. Alors la Réalité Virtuelle a un facteur d’engagement physique et mental : l’apprenant est l’acteur principal de sa formation. Sa concentration est favorisée par un haut niveau d’immersion.

Si la liste des compétences professionnelles dont l’apprentissage pourrait être facilité par la Réalité Virtuelle est longue : prendre la parole en public, gérer le stress et les situations d’urgence, pratiquer une langue étrangère… et malgré la forte diminution des coups des casques VR ces dernières années, l’utilisation de la VR en formation reste encore peu répandue. Les raisons ?

• La VR n’est pas profitable pour tous les types d’apprentissages, par exemple, ses effets positifs sur la rétention d’informations sont fortement contestés dans la communauté scientifique.

• L’évolution rapide des technologies peut être un frein à l’investissement pour des entreprises qui craignent de se retrouver rapidement avec des outils obsolètes.

• Mais surtout le coût de production des environnements virtuels, qui limite largement l’accès à cette technologie.

Une grande partie des usages concernent aujourd’hui les formations médicales, pour lesquelles de nombreuses recherches ont montré l’intérêt de la VR dans l’acquisition de compétences propres à ce domaine.

L’Immersive Learning 4.0

Limité à la Réalité Virtuelle et freiné dans son adoption par les coûts de développement des environnements virtuels et le manque de recul sur son efficacité pour beaucoup de situations d’apprentissage, l’usage de l’Immersive Learning a progressé, mais sans jamais se généraliser. L’arrivée de nouvelles formes d’Immersive Learning pourrait contribuer à généraliser cette méthode d’apprentissage en apportant une réponse, non seulement au problème de l’accessibilité de l’outil, mais aussi aux nouveaux enjeux pédagogiques de la formation.

En 2023, le Metavers prend place dans la transformation digitale des entreprises cela s’explique par son aspect immersif, collaboratif et principalement par sa capacité à concentrer un grand nombre de données par le biais des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, les blockchain…

Dans les nouveaux processus du DRH 3.0, le Metavers serait un canal de recrutement pour les chasseurs de tête dans des domaines spécifiques comme l’informatique pour des postes en phase avec les technologies (data analysts, data scientists etc…).

Par exemple cela permettrait de repérer les soft skills des candidats ou les hards skills afin d’évaluer leur intelligence sociale ou de tester leurs capacités à travailler en équipe.

Le Metavers permet de résoudre le problème de l’accessibilité. L’environnement virtuel n’est plus « stocké » sur l’ordinateur de l’apprenant, limité à un environnement développé pour les besoins d’un apprentissage particulier à un coût élevé, mais il s’agit d’un véritable monde virtuel. Développé par des multinationales aux moyens considérables (Meta) l’environnement virtuel devient très riche, de plus en plus réaliste. Avec la capacité de toucher un plus grand nombre d’apprenants, les compagnies développant les Metavers pourraient développer des environnements d’apprentissage hyper-réalistes.

L’accès à un environnement virtuel d’apprentissage ne nécessiterait alors plus l’investissement lourd de développement (celui-ci étant réalisé par l’entreprise contrôlant le Metavers) mais pourrait par exemple être rendu accessible par un abonnement. Ceci ouvre alors à un plus grand nombre l’opportunité de bénéficier d’un programme de formation en immersion, moyennant l’achat d’un casque de VR, aujourd’hui devenu très abordable.

Le Metavers présente des similitudes avec la Réalité Virtuelle, dans le domaine de la formation, on pensera à ces 3 atouts :

  • La praticité de la solution qui permet de résoudre le problème de l’accessibilité.
  • Une expérience d’apprentissage unique pour l’apprenant et un confort optimal en le plaçant au cœur de l’action.
  • Des risques minimisés sur des formations techniques qui permettent véritablement de réaliser des économies sur le budget de formation dû à son usage et à son déploiement.

Au niveau du Digital Learning, ces principaux bénéfices permettent de s’appliquer sur certaines solutions comme :

Le Social Learning qui fait partie des Tendances du Digital Learning en 2023 car il reprend le principe des réseaux sociaux et permet aux apprenants d’interagir sur les formations en cours d’apprentissage ou vécues.

D’autre part, l’Open Education se complète au Metavers : en effet, cela permet de donner accès à une éducation ouverte soit, accessible pour tous, sans contrainte et quel que soit le moment ou le lieu. Ainsi, l’Open Education se concentre sur le partage de l’information qui permet de constituer des groupes d’auto-apprenants qui s’autostimulent pour apprendre ou faire des jeux de rôles.

Comme démontré récemment par une étude menée au sein du département de technologie de l’éducation de l’université de Nanchong en Chine, la présence d’autres apprenants dans un environnement virtuel d’apprentissage améliore l’apprentissage en augmentant l’expérience émotionnelle de l’apprenant. Par son aspect social, l’Immersive Learning dans un Metavers favoriserait donc l’apprentissage par rapport à un environnement dans lequel l’apprenant évolue seul.

D’autre part, cela crée une sorte de mentorat différenciant, innovant et impactant sur l’ancrage mémoriel.

Pour la formation, le Metavers est une opportunité qui permet de créer des environnements impossibles à réaliser en réalité comme simuler un incendie ou les conséquences d’un nouveau virus par exemple.

Toutefois, cela reste un outil pédagogique qui peut être utilisé en complément d’autres solutions du Digital Learning déjà existantes chez ITycom.

De même, parler d’une démocratisation du Metavers est encore trop précoce à l’heure actuelle.

Enfin, il y a la sécurité des données qui n’est pas encore fiable (usurpation d’identité de l’utilisateur, hameçonnage ou phishing…) et peut considérablement compromettre le système d’information de l’entreprise.

Utilisation du Metavers dans l’univers de la formation doit se faire avec beaucoup de précautions et doit être pensé lorsque qu’il y a de réels enjeux pédagogiques.

L’intelligence artificielle : un suivi des données en temps réel pour une formation adaptée et personnalisée

Les données, plus connues sous le nom de « l’or noir » en 2023 (8û à la complexité de recueillement et à une exploitation peu maitrisée) vont jouer un rôle important pour l’avenir de la formation et particulièrement dans l’usage de l’Immersive Learning.

L’intelligence artificielle, le développement des modèles des traitements de données massives permettent, de façon toujours plus fluide, d’analyser nos comportements, d’en inférer quasi-instantanément nos attentes, nos besoins. Comme c’est le cas pour l’environnement virtuel, dans le cas de l’utilisation du Metavers, l’Intelligence Artificielle est externalisée. Il n’y a pas besoin d’investir dans des ordinateurs surpuissants ou des logiciels de traitement de données, les données collectées dans le Metavers sont analysées par les ressources de l’entreprise hébergeant le Metavers, assurant ainsi une puissance de calcul importante.

Par ailleurs, on assiste à des casques VR connectés avec le Learning Management System (LMS) permettant de récolter un maximum de données renseignant sur « l’état » de l’apprenant. Les derniers casques VR développés par HP peuvent par exemple enregistrer en temps-réel l’activité cérébrale, les mouvements oculaires et le rythme cardiaque. Analysées en temps-réel par l’Intelligence Articificielle, ces données physiologiques couplées aux données comportementales permettent de déterminer instantanément notre niveau d’engagement dans une tâche, nos réactions émotionnelles face à une situation particulière, notre état d’attention…

Néanmoins, des défis importants demeurent pour les responsables de la formation.

Entre industrialisation et personnalisation de la formation, il faut trouver un équilibre entre la quantité et la qualité pour mettre en place une stratégie efficace.

Le formateur doit tenir compte du profil de l’apprenant grâce à l’Intelligence Artificielle qui détecte pendant les sessions de formations toutes les informations qui peuvent être utilisées (données physiologiques, décisions prises…) pour adapter l’environnement d’apprentissage.

Par exemple, si un état de stress ou de fatigue est repéré chez l’apprenant, l’environnement pourra proposer une pause ou une activité relaxante : les activités pédagogiques pourront être également adaptées à l’état de l’apprenant pour favoriser au mieux l’apprentissage.

Ce qui nous amène sur un retour d’expérience personnalisé qu’offre l’intelligence artificielle en fournissant des données en temps réel sur les plateformes LMS accessibles par le formateur pour se rendre compte des axes d’amélioration ou des progrès de l’apprenant. Le formateur peut voir aussi en temps réel le comportement de ses apprenants dans une situation sociale, constater ses comportements en travail de groupe permet d’apprécier objectivement le niveau de concentration de l’apprenant. Le feedback en temps réel sur ses actions est un véritable atout, car il élargit le panel de simulations faites grâce à des scénarios prédictifs et permet de mieux cerner l’apprenant.

L’intégration de l’Intelligence Artificielle s’apprécie en complémentarité d’autres solutions pour assurer l’efficacité des enjeux du Digital Learning en 2023 comme l’apprentissage en continu (learn in the flow of work plus commun en anglais).

Pour conclure, l’Immersive Learning va connaitre une progression importante avec le développement du Metavers et de l’Intelligence Artificielle.

Nous avons vu que cette solution futuriste du Digital Learning permet de donner plus d’accessibilité à l’apprenant, de l’immerger dans des environnements plus riches et personnalisés et de retrouver un apprentissage qui l’ouvre socialement.

Pour les responsables de formations, l’Immersive Learning doit être considéré comme un dispositif parmi tant d’autres. C’est à dire une utilisation en complément d’autres solutions comme le Blended Learning.

Toutefois, on retient 3 principaux champs d’interventions de l’Immersive Learning :

  • Une utilisation dans des simulations de situations de stress ou d’urgence (incendie, réanimation d’une personne…). Cela permet d’assister à un état émotionnel semblable à ce que pourrait ressentir l’apprenant en situation réelle.
  • Une retranscription des environnements complexes

Dans les cas où l’apprenant est confronté à une pluralité d’éléments, et doit interagir avec un environnement complexe (pilote d’avion dans un simulateur, présence dans une centrale nucléaire…), et il doit assimiler un nombre important d’informations.

  • Une traduction des interactions humaines dans un groupe et plus particulièrement pour les managers, c’est un moyen de mettre en évidence les « soft skills » de son futur collaborateur afin de le former et d’évaluer son intelligence sociale et collective.

Cet article a été co-écrit avec Dimitri Bayle (Chercheur en neurosciences cognitives et ingénieur pédagogique multimédia)

Glossaire :

Parmi les technologies citées, on retrouve :

  • La Réalité Virtuelle, muni d’un casque, l’utilisateur est stimulé dans un environnement virtuel, immersif et interactif.
  • La Réalité Augmentée tient compte de l’environnement réel, mais intègre aussi le virtuel par l’utilisation de contenu numérique.
  • Le Metavers reprend l’association de la Réalité Virtuelle et Augmentée dans un espace immersif avec une capacité de concentrer une quantité de données importantes et un grand nombre d’utilisateurs.
  • L’Intelligence Artificielle a pour objectif de raisonner comme un être humain en se basant sur la machine learning qui reçoit un grand nombre de données, déduit des faits et simule des algorithmes.

Sources :

https://Metavers-tribune.com/une-tendance-emergente-en-matiere-de-rh-lexperience-des-employes-dans-les-Metavers/

https://www.speexx.com/fr/speexx-blog/intelligence-artificielle-formation/

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02573670/document

https://www.happyneuron.fr/actualite-scientifique/la-realite-virtuelle-peut-elle-ameliorer-l-apprentissage

https://www.omind.me/apports-realite-virtuelle-en-formation/

https://www.elearningtouch.com/pourquoi-inclure-realite-virtuelle-formations/

https://www.cairn.info/former-avec-la-realite-virtuelle–9782100801367-page-63.htm

https://knowledgeone.ca/infographie-10-atouts-de-la-realite-virtuelle-pour-lapprentissage/?lang=fr

https://www.neobrain.io/blog/le-Metavers-et-la-formation-immersive

https://www.sqorus.com/Metavers-au-service-formation/

https://Metavers-tribune.com/une-tendance-emergente-en-matiere-de-rh-lexperience-des-employes-dans-les-Metavers/